L’IHEDN : Informer, Fédérer, Réfléchir, Former

Établissement public, à dimension interministérielle, placé sous la tutelle du Premier Ministre, l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) a pour mission de promouvoir la culture de défense, de participer au renforcement de la cohésion nationale, et de contribuer au développement d’une réflexion stratégique portant sur les enjeux de défense et de sécurité. C’est la raison pour laquelle l’IHEDN est sous la tutelle du Premier ministre car il concerne tous les ministères, et qu’une session IHEDN comporte 1/3 de civils du secteur privé, 1/3 du secteur public et 1/3 du secteur militaire.

Histoire

En 1936, le vice-amiral Raoul Castex et Léon Blum, sous la résidence d’Albert Lebrun, imaginent déjà le concepts fondateurs de l’IHEDN, en constatant qu’en 14-18, l’armée aurait eu besoin d’une meilleure coordination avec les hauts fonctionnaires et avec les hauts responsables du secteur privé, car la guerre engage tous les grands acteurs d’un pays, pas seulement les militaires. Depuis cette date, l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) fait vivre l’appel de l’esprit de défense à l’échelle des élites françaises. Responsables de la fonction publique et du monde de l’entreprise y partagent une formation avec de futurs chefs militaires.

Dès 1937, le vice-amiral Raoul Castex conclut au nécessaire décloisonnement du travail des civils et des militaires pour préparer le pays aux dangers futurs.

Il est le premier directeur du Collège des hautes études de défense nationale entre 1936 et 1939, « l’ancêtre » de l’IHEDN. Sorti major de sa promotion de l’École navale et de l’École supérieure d’application, Raoul Castex se rend célèbre avec la publication de plusieurs ouvrages sur la défense de l’Indochine et la montée en puissance du Japon. Particulièrement attentif aux questions d’enseignement, Castex prône dans son ouvrage Le Grand État-major naval, publié en 1909, « une pénétration intellectuelle réciproque [unissant] nos deux armées de terre et de mer et que ces deux branches de la défense nationale cessassent de s’ignorer ». Cette idée marque durablement sa réflexion sur les relations politico-militaires de la IIIe République. Inspiré par les travaux d’Alfred Mahan et se méfiant des théories de la Jeune école, Castex apparaît comme le principal penseur de la stratégie maritime française de l’entre-deux-guerres, avec la publication des Théories stratégiques, son œuvre majeure publiée en cinq volumes entre 1929 et 1935. Cette carrière de marin et d’écrivain lui permet d’accéder au commandement du Centre des hautes études navales (CHEN) et de l’École supérieure de Guerre navale entre 1932 et 1934, puis entre 1935 et 1937. En parallèle, il devient le premier directeur du CHEDN en août 1936 grâce au soutien d’Édouard Daladier, alors ministre de la défense nationale et de la guerre. Durant son mandat, il bâtit une méthode d’enseignement basée sur un cycle de conférences, des visites d’études, des travaux en communs et des exercices pour les auditeurs civils et militaires. Ainsi, le 3 novembre 1937, le vice-amiral Raoul Castex expose sa vision du concept de défense nationale lors de la « Conférence d’introduction » de la deuxième session du CHEDN. Se remémorant un « exercice combiné qui eut lieu récemment au Centre des hautes études militaires [CHEM] », où participaient « côte à côte les représentants des trois armées », il constate qu’une approche seulement militaire a révélé rapidement ses limites.

ihedn.fr

L'IHEDN

Le 3 novembre 1959, Charles de Gaulle fit le discours suivant devant une promotion de l’IHEDN « Je crois bon d’évoquer devant vous quelques idées qui contribueront à orienter vos efforts. Il faut que la défense de la France soit française. C’est une nécessité qui n’a pas toujours été très familière au cours de ces dernières années. Je le sais. Il est indispensable qu’elle le redevienne. Un pays comme la France, s’il lui arrive de faire la guerre, il faut que cela soit sa guerre. […] Il va de soi, évidemment, que notre défense, la mise sur pied de nos moyens, la conception de la conduite de la guerre, doivent être pour nous combinées avec ce qui est dans d’autres pays. […] Mais que chacun ait sa part à lui. Voilà un point capital que je recommande à vos réflexions. […] La conséquence, c’est qu’il faut, évidemment, que nous sachions nous pourvoir, au cours des prochaines années, […] d’une « force de frappe » susceptible de se déployer à tout moment et n’importe où. Il va de soi qu’à la base de cette force sera un armement atomique – que nous le fabriquions ou que nous l’achetions – mais qui doit nous appartenir : et puisqu’on peut détruire la France, éventuellement, à partir de n’importe quel point du monde, il faut que notre force soit faite pour agir où que ce soit sur la terre. »

Formation avec l'institut diplomatique et consulaire

L’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, en partenariat avec l’Institut Diplomatique et Consulaire, organise plusieurs modules de formation au profit de 22 ambassadrices et ambassadeurs nommés pour la première fois aux fonctions de chef de poste diplomatique l’été 2022, de 15 agents à mi-carrière du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et de 19 agents ayant fait leur entrée au Quai d’Orsay en 2022, pour une formation dite initiale. L’Institut participe ainsi à sensibiliser les futurs vecteurs de l’influence française en dehors des frontières du territoire national, au profit de la promotion de l’esprit de défense français. En dispensant ces formations, l’IHEDN se positionne comme interlocuteur de référence pour ces diplomates sur les questions de diplomatie de défense.

Briefing des ambassadrices et des ambassadeurs

Cet événement vise à réunir régulièrement les ambassadrices et les ambassadeurs étrangers à Paris autour d’une conférence petit-déjeuner sur des thématiques liées aux politiques de défense et de sécurité et aux relations internationales afin d’exposer les positions françaises sur ces sujets. Les interventions sont assurées par de hauts fonctionnaires ou par des officiers supérieurs et généraux français, sous la règle de Chatham House.

Sessions internationales (politique de défense)

L’IHEDN organise, en partenariat avec la Direction de Coopération de Sécurité et de Défense (DCSD), des sessions internationales politique de défense selon des aires géographiques définies : la Session internationale pour les Balkans et l’Europe orientale (SIBEO), le Forum de l’IHEDN sur le continent africain (FICA), la Session internationale pour l’Indopacifique (SIIP), annualisés, et de manière plus ponctuelle, la Session internationale pour l’Amérique Latine (SIAL) et la Session internationale pour le Moyen-Orient (SIMO).  Ces sessions sont des outils de formation et de diplomatie d’influence. Elles ont vocation à sensibiliser des élites étrangères aux politiques de défense et de sécurité françaises. De responsables civils et militaires, issus de pays et organisations régionales des zones géographiques susvisées, sont conviés, aux côtés d’auditeurs français, pour suivre conférences, travaux de comité et visites de terrain. Le but étant de donner aux auditeurs un aperçu des capacités et du savoir-faire de nos armées et forces de sécurité intérieure. Le tout régit par la règle de Chatham House afin de garantir la liberté d’expression des auditeurs comme des intervenants.

Activités dans le cadre du collège européen de sécurité et défense

Dans le cadre de son partenariat avec le Collège Européen de Sécurité et de Défense (CESD), l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale participe à la construction d’une culture de défense européenne commune. Les cours organisés avec le CESD, entre Paris et Bruxelles, s’articulent autour de plusieurs conférences et tables rondes ainsi que de travaux de groupe réunissant des participants des institutions, organisations et agences de l’Union européenne et de ses Etats-membres.

L’IHEDN propose différentes formations :

  • une session nationale, comportant un socle commun ouvert à tous ses auditeurs (hauts responsables civils ou militaires, issus de tous les secteurs d’activités) et 5 majeures permettant l’approfondissement d’enjeux spécifiques : armement et économie de défense, défense et sécurité économiques, enjeux et stratégie maritime, politique de défense, souveraineté numérique et cybersécurité.
  • des sessions européennes et internationales
  • des sessions en région
  • des cycles jeunes
  • des cycles spécialisés

La session nationale, les sessions en région et les cycles jeunes sont éligibles au compte personnel de formation (CPF).